COCTEAU
Jean Cocteau ou le roman d’un funambule
Après avoir consacré trois ouvrages à Jean Cocteau, j’ai hésité à raconter sa vie. Qu’un grand nombre de personnes ne le connaissent pas ou le connaissent pour de mauvaises raisons a fini par vaincre mes résistances.
Délibérément, j’ai choisi d’éviter les digressions et l’accumulation de détails pour privilégier l’essentiel, démontrer que cet homme célébré dans le monde entier n’a pas été le « mondain » qu’en ont fait les magazines, mais un être grave qui par politesse affichait une apparente légèreté.
Poète avant tout, il ne s’est interdit aucune discipline : ni la littérature, ni le dessin, ni le théâtre, encore moins le cinématographe. Dès l’enfance, livres, crayons et ciseaux furent placés entre ses mains. Non seulement il sut en faire bon usage, mais il comprit qu’ils seraient ses meilleurs amis. Face à un mal à l’âme chronique, la création s’avèrera sa sauvegarde. Il n’a pas encore dix ans lorsque son père se suicide. À partir de ce moment, il se réfugie dans ce qui pourrait étouffer l’insupportable réalité et le sentiment d’avoir été abandonné. Au sein d’une famille meurtrie où l’on favorise les non-dits, il lui faut trouver des moyens d’expression et d’évasion. Ce seront le rêve, la lecture, les spectacles et l’écriture.
Alors que le XXe siècle débute et qu’il entre dans l’adolescence, Jean Cocteau contracte le mal rouge et or : celui du théâtre et du music-hall, des passions et des prises de risques. Cette contamination fera de lui l’un des artistes majeurs de son époque.
Édition du Rocher
2013